La légende vivante du pied poing français Anissa Meksen remet sa ceinture de championne du Glory en jeu ce week-end du 23 novembre 2019 face à sa grande rivale Tiffany van Soest. C'est contre l'Américaine qu'elle avait conquis ce titre des super bantamweight à New York en décembre 2017, avant de la battre une deuxième fois en 2019.
Femme de défi, Anissa Meksen a accepté de revenir sur le sol américain, à Chicago, pour laisser une nouvelle chance à van Soest de remonter sur le trône du Glory. Il faut dire que c'est l'une des dernières adversaires à sa hauteur, elle qui a nettoyé sa catégorie et qui pense même déjà à se lancer en MMA. Nous l'avons rencontrée pour discuter de son parcours et l'interroger sur sa position de femme dans un milieu des sports de combat souvent jugé machiste par les observateurs non avertis.
Pourquoi la boxe et les sports de combat ?
J’ai toujours aimé, j’aimais trop… Je me rappelle je donnais des coups de pieds dans la cour d’école sur un poteau de basket. Donc c’était quelque chose d’inné en moi. Je savais que… À partir du moment où j’ai commencé les sports de combat je me suis dit « Je vais devenir championne du monde ».
Ma mère elle l’a pris finalement normalement, elle n’a pas eu peur, elle m’a laissé faire, elle m’a fait confiance de A à Z et elle en est fière aujourd’hui tout simplement.
S'entraîner avec des hommes
Moi ça ne m’a jamais dérangée. Déjà à la base je ne m’entraînais qu’avec des hommes. Ils vont nous ménager peut être d’un point de vue physique au niveau de l’impact, mais après ils ne vont pas nous ménager. Donc je ne m’entraîne qu’avec des hommes et je préfère m’entraîner qu’avec des hommes concrètement. Et quel regard j’ai eu ? Moi ça ne m’a pas dérangée.
Être une femme dans ce milieu
C’est plus le travail qu’on a dû faire pour me faire boxer. Parce que là pour le coup, personne ne voulait me faire boxer. Surtout que je venais d’une discipline, la boxe française, qui n’était pas très connue et qui n’a pas forcément une bonne connotation dans le monde du sport de combat. Même si j’étais 5 fois championne du monde.
C’est plus Benoit (son manager, coach et compagnon, ndlr) qui a fait un travail de dingue pour me promouvoir finalement, pour faire en sorte que au moins un promoteur me donne une chance lors d’un gala. Et à partir de là, tout s’est débloqué. À partir du moment où les gens m’ont vu boxer, les promoteurs m’ont vu boxer, et on a signé pleins de galas, facilement.
Je pense que j’ai toujours eu le caractère que j’ai actuellement, j’ai toujours été une battante. Quand je veux quelque chose je ne me donne pas à 100 %, je me donne à 2 000 % pour atteindre les objectifs, que ça soit dans ma carrière de sportive ou dans ma carrière « universitaire ».
L'impact sur les autres femmes
J’en ai de plus en plus conscience. Surtout quand j’ai vécu des stages, je vois que la moitié des personnes présentes sont des jeunes filles ou des femmes. Donc oui je le ressens. Et puis il ne se passe pas un jour où je ne reçois pas un message me disant « félicitations pour ta carrière, tu forces l’admiration, ça nous pousse à aller de l’avant et à continuer. »
Je pense que je fais du bien à la boxe féminine. Parce que j’ai un retour par rapport aux petites filles, chez les femmes, qui est extraordinaire.