Faut-il être un combattant "chiant" et ennuyeux pour devenir champion à l'UFC ?

2018 aura marqué un nouveau tournant dans l'histoire de l'UFC : l'ère des combattants "ennuyeux". Faut-il être chiant pour devenir champion de l'organisation aujourd'hui ? On vous donne quelques éléments de réponse.

Faut-il être un combattant "chiant" et ennuyeux pour devenir champion à l'UFC ?
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Faut-il être un combattant "chiant" et ennuyeux pour devenir champion à l'UFC ?

Une nouvelle ère qui attire moins le grand public

L'objectif de départ de l'UFC est simple : déterminer qui est le meilleur combattant au monde. Ce "combattant ultime" à la Dragon Ball peut développer la technique qu'il veut tant qu'elle lui permet de l'emporter sur son adversaire. Avec la professionnalisation de ce sport et son ouverture internationale, de nombreuses disciplines sont venues s'ajouter à la pratique du MMA, pour avoir aujourd'hui des profils de combattants très complets.

Mais la tendance 2018 a prouvé une chose : la lutte est la discipline la plus efficace, et de loin. Henry Cejudo, Khabib Nurmagomedov et Daniel Cormier sont devenus champions grâce à une domination au sol totale sur leurs adversaires. Problème : ce style de combat est moins attrayant et dessert le sport aux yeux du grand public. Mais est-ce vraiment négatif ?

À chaque époque, son style

L'UFC a toujours connu des cycles. Royce Gracie avait prouvé au tout début de l'organisation que le jiu-jitsu brésilien était une arme presque impossible à contrer sans une préparation spécifique. Il a obligé les autres combattants à se mettre à niveau dans cette discipline. Très vite, les lutteurs se sont imposés comme un profil efficace pour contrôler ce style.

Puis ce sont les strikers de génie qui ont réussi à s'imposer. Les brésiliens Anderson Silva et José Aldo ont ouvert la voie, suivis quelques années plus tard par Junior Dos Santos, Cain Velasquez, Conor McGregor ou encore Robbie Lawler. Le spectacle était certes au rendez-vous, mais les bases indispensables à la conquête d'une ceinture de l'UFC se sont peu à peu faites oublier, pour revenir au goût du jour depuis un peu plus d'un an.

Être chiant est un style qui paye

Aujourd'hui, des lutteurs ou grappler hors norme tels que l'ex-champion olympique Henry Cejudo, le vétéran Daniel Cormier ou encore Khabib Nurmagomedov prouvent que sans se mettre à niveau en lutte, le striking ne sert à rien. La démonstration du Russe contre Conor McGregor en a été le meilleur exemple. La catégorie des welters a en revanche mis en lumière une triste conséquence de cette domination du travail au sol ou au clinch : on s'ennuie ferme.

Personne ne vibre en regardant combattre Kamaru Usman, Colby Covington ou encore Tyron Woodley, solide puncher mais très calculateur et lutteur puissant. Et ce n'est pas l'arrivée dans la division de Ben Askren, ancien lutteur olympique, qui va changer la donne. Mais comment reprocher à ces combattants de faire leur job : ils sont pragmatiques, efficaces, remportent leurs combats et ne prennent pas beaucoup de coups. La domination totale de Daniel Cormier sur Derrick Lewis en est la preuve : moins grand, moins lourd, moins bon striker, le champion des lourds a totalement annihilé la puissance du Black Beast avec sa lutte et a conservé sa ceinture facilement.

Vers un nouveau cycle ?

Mais cette nouvelle tendance a une conséquence fâcheuse pour le business de l'UFC : le public ne vibre plus. Personne ne paye pour voir combattre Cormier, Woodley ou Cejudo. Et Khabib a eu besoin de sa rivalité avec Conor McGregor pour atteindre une notoriété que son palmarès aurait pourtant dû lui offrir. Il n'y a qu'à voir les chiffres de l'année des pay-per-view pour s'en convaincre : le grand public veut du spectacle, des KO et de la "bagarre", pas un duel technique au sol.

Mais que les fans se rassurent ! Un nouveau cycle devrait apparaître dans les années à venir. Le niveau de lutte excellent de tous ces combattants va obliger les bons strikers à se mettre à niveau, à mieux défendre les takedowns, à savoir se relever, à tenir le coup niveau cardio quand ils sont amenés au sol. Après tout, le MMA nécessite d'être excellent dans toutes les disciplines, et de nombreux combattants y arrivent : Georges St Pierre, Jon Jones, Max Holloway, Stipe Miocic, Robert Whittaker ou TJ Dillashaw en sont les parfaits exemples. Et on ne s'ennuie jamais en les regardant combattre.

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