70 victoires en carrière, 41 KO, seulement 7 défaites, la plupart vengées de façon brutale (Alim Nabiyev peut en témoigner), champion incontesté de sa catégorie, les welters, dans la meilleure organisation de kickboxing au monde, le Glory... Cédric Doumbé n'est plus à présenter.
Le combattant français devait défendre sa ceinture contre Murtel Groenhart à Lyon le 26 octobre 2019, hélas, une blessure subie à l'entraînement l'a contraint à déclarer forfait. Gentside l'avait rencontré il y a quelques semaines pour discuter des détails de sa préparation physique, de son entraînement aux nombreux sacrifices qu'il doit accepter pour être à un tel niveau.
Comme le triathlète Vincent Luis et le rugbyman Maxime Médard avant lui, Doumced a accepté de vous révéler l'envers du décor dans notre format "Corps & Âme".
Entraînement
L’entraînement c’est 70% de mon temps. C’est très simple. Quand je suis en préparation en vue d’un combat, je m’entraîne tous les jours, du lundi au dimanche. Du lundi au vendredi je m’entraîne deux fois par jour, 1h30 le matin, 1h30 le soir. Ça se divise à peu près en mode prépa physique le matin, boxe le soir. Samedi et dimanche, ça sera un entraînement par jour. Prépa physique le samedi et sparring le dimanche.
Musculation
Moi je suis un très très bon élève. C’est à dire que j’arrive à l’entraînement, je demande à Valentino (son préparateur physique, ndlr) ce qu’on fait, il me dit « on fait ça, ça, ça ». Je pose parfois des questions « ça sert à quoi ? Pourquoi ? Pour le combat ? » Il me répond, ensuite je fais. Et mon cerveau il n’est pas vraiment concentré sur l’exercice qu’on va faire, je fais parce que je lui fais confiance à 100%, on est connecté. Je sais que ça ça va me permettre de mettre un KO avec tel bras, ça ça me travaille le bas parce que c’est le bas qui va me servir pour la puissance… etc.
Après ce que je peux dire, c’est que Valentino fait en sorte de travailler avec moi… Il me l’a répété encore il y a quelques jours, il m’a dit « on travaille, on fait de la muscu, mais de la muscu fonctionnelle ». C’est à dire qu’on ne va pas aller faire du développé couché, faire des squats, faire de la presse, pousser du lourd pour avoir de la force, non. On va travailler très spécifique. Donc on peut travailler la force, en travaillant avec des poids légers. On peut travailler la force en travaillant avec des élastiques. On peut travailler la puissance en faisant de la proprioception, en faisant des exercices de puissance pour la vivacité… etc. Et ça c’est une nouvelle méthode en fait, c’est une méthode moderne de travail. Ça veut dire que c’est plus comme avant où il fallait mettre lourd pour gagner en force, c’est plus comme avant où il fallait mettre vraiment lourd pour prendre du volume. Plus il y avait de volume plus on était fort, non. Maintenant c’est totalement différent.
Nutrition
Pareil, Cécile (sa nutritionniste, ndlr), j’ai souvent dit que c’était la meilleure nutritionniste que j’ai eu, parce que limite c’est de la magie ce qu’elle fait. C’est à dire que quand elle te dit « tu seras à tel poids à telle date », effectivement quand je me pèse je suis à tel poids à la date souhaitée. Alors pareil, je ne pourrais pas vraiment parler de nutrition, parce que elle me dit « tu manges ça », je mange ça.
D’habitude elle me faisait un planning alimentaire qui était à la semaine, c’est à dire qu’elle me disait par exemple « deux fois dans la semaine, tu vas manger tant de protéines, tant de glucides, trois fois dans la semaine tu vas manger tant de légumes, tant de fibres… etc. » Et moi je lui ai dit « écoute, franchement ça me prend la tête, moi je veux que tu me dises lundi tu manges ça, ça, ça, mardi… » Et du coup elle a adapté ma planification, et donc j’ai un emploi du temps vraiment hyper strict. Mais je préfère, parce que je sais que lundi je vais manger 200 grammes de poulet, 300 grammes de ça, 300 grammes de ça, un yaourt… Et donc je n’ai pas à me prendre la tête à chercher, à me dire « attend deux fois dans la semaine j’ai mangé ça, donc ça ça sera lundi ». Donc là je fais, elle me dit je fais.
Sacrifices
C’est simple, je sacrifie tout. Parce que quand je commence une prépa, je vis en autarcie en fait. C’est à dire que je suis coupé du monde. Je me lève le matin, je sors mes chiens, je mange à peine, je vais m’entraîner, je reviens, je mange, je fais ma sieste, je me réveille, c’est l’heure de l’entraînement, je vais à l’entraînement, je reviens c’est le soir, je mange et je dors. Et ça c’est tous les jours. Ça veut dire que quand on m’appelle et qu’on me dit « tu fais quoi, viens on va boire un verre », je ne peux pas. « Tu fais quoi, on va manger ? Prends une salade. » Non non, c’est pas comme ça, je ne peux pas. Quand ma mère par exemple me dit « tu passes ce soir après l’entraînement ? », après l’entraînement il est déjà tard, je ne peux pas faut que je me réveille tôt pour le fractionné en côte demain matin. Donc je ne peux pas non plus. Le week-end « oh tu viens, il y a une soirée, t’inquiètes on ne reste pas… ». Non je ne peux pas.
Donc voilà, ça c’est un sacrifice, c’est un gros sacrifice. Je mets ma vie de côté en fait, pour la préparation. Donc on sacrifie sa vie pour la prépa, on n’est même pas sûr de gagner. C’est ça qui est fou, c’est que si on te dit « ok l’entraînement ça va être dur, deux mois intenses, t’as ça à sacrifier et après voilà, t’es payé. » OK, je le fais moi, tu vois, c’est là où c’est un travail. Mais non, tu vas faire tout ça, tous ces sacrifices pour peut être prendre un KO et perdre. C’est ça qui est dur, qui est stressant. Et quand t’arrives au combat, tu te dis… Ce qui me motive, c’est que moi j’ai le talent, ça ça me motive beaucoup, ça me permet d’avoir pleinement confiance en moi, donc je me dis que je ne peux pas perdre, parce que je suis né pour ça.
Préparation mentale
Je suis le meilleur alors que le meilleur gagne. Ça c’est ma seule préparation mentale, c’est ce que je me répète à longueur de journées, c’est ce que je me répète quand je suis à l’entraînement, à la fin de l’entraînement, c’est surtout ce que je me répète dans les vestiaires.
Et quand je me dis ça dans les vestiaires, je me dis « pourquoi tu stresses ? » C’est bon, c’est tout fait déjà. C’est pour ça que je te dis qu’il n’y a personne qui va me faire douter aujourd’hui, quand je pense à tous les combattants que j’ai affrontés, il n’y a aucun mec où je me dis « putain ça va être chaud ». Non, personne. Donc moi ma préparation mentale, si tu veux, elle est déjà toute faite. Je me répète sans cesse que je suis le meilleur et les faits le prouvent.