Naim Suleymanoglu : la légende de l'haltérophilie est décédée

L'homme le plus fort de tous les temps s'en est allé, Naïm Suleymanoglu est décédé vendredi 17 novembre à l'âge de 50 ans. La Turquie est en deuil, le monde du sport aussi.

Naim Suleymanoglu : la légende de l'haltérophilie est décédée
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Naim Suleymanoglu : la légende de l'haltérophilie est décédée

"Lorsque je ne pourrai plus marcher, c'est vous qui me porterez"

Dimanche, des centaines d'admirateurs sont venus porter son cercueil et lui rendre un dernier hommage. Le président Erdogan a présenté ses condoléances "à sa famille et à la nation". Même son grand rival des J.O d'Atlanta, le grec Valerios Leonidis, est venu lui rendre un dernier hommage : "Je me suis effondré en apprenant la mort de Naim. J’ai perdu un grand ami, et le monde a perdu un grand athlète". Hospitalisé depuis fin septembre pour une insuffisance hépatique, celui qu'on surnommait l'Hercule de Poche est mort de ses excès à seulement 50 ans. Il laisse derrière lui près de 50 records du monde, 15 titres mondiaux et 3 titres olympiques (le premier triplé olympique de l'Histoire).

"Personne, dans l'histoire de la Turquie, qu'il fut homme d'Etat, guerrier, prophète ou sportif, n'a fédéré le peuple autour de lui comme Naim Suleymanoglu l'a fait ce jour-là"Sports Illustrated, 1992, à propos de sa victoire à Séoul en 1988.

Il a vécu mille vies, ses exploits et déboires sont dignes d'un film. Naim, né en Bulgarie, commence très tôt à être remarqué pour sa force incroyable. Il devient rapidement un haltérophile hors norme, à force d'entraînements surhumains typiques du bloc de l'Est. Suleymanoglu mesurait 1m47, une taille idéale pour un haltérophile, qui va lui permettre de battre tous les records ! En 1986, il fuit de manière rocambolesque la Bulgarie communiste pour le pays de ses ancêtres. À 19 ans, la Turquie l’accueille à bras ouvert, payant même un million de dollars pour qu'il puisse participer aux J.O de Séoul deux ans plus tard. Il y remporte la seule médaille d'or turque cette année-là, la première depuis 1968. Suleymaoglu devient un trésor national, une idole.

"Si je suis le plus grand haltérophile de tous les temps ? Je suis le premier à avoir remporté trois médailles d'or... À vous de décider !"

L'Hercule de poche était capable de porter jusqu'à trois fois son poids, mais il aura parfois eu du mal à supporter ses succès. Gloire, argent, femmes, alcool, ont parfois pris le pas sur les haltères. Son aura est difficilement imaginable aujourd'hui, surtout pour un haltérophile : à son retour des J.O de Séoul en 1988, un million de Turcs descendent l'acclamer dans les rues. C'est la période dorée de sa carrière, il enchaîne les performances. Et même après un passage à vide dû aux excès, Suleymanoglu remporte contre toute attente un deuxième titre olympique à Barcelone en 1992. Sa dernière médaille d'or sera à Atlanta, après son duel mythique contre Valerios Leonidis, en pleine crise gréco-turque. Il met fin à sa carrière sans parvenir à créer l'exploit à Sydney en 2000. Après une tentative ratée en politique, le nom de Suleymanoglu va peu à peu disparaître, le nouveau héros de l'haltérophilie turque s'appelle désormais Halil Mutlu. Echouant à devenir président de la fédération d'haltérophilie de Turquie, il était devenu apiculteur...

Suleymanoglu avait donné tout son sens à l'expression "fort comme un turc", il restera à jamais un des plus grands sportifs de tous les temps.

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