Le statut de stagiaire est relativement instable au sein d'une entreprise. Si certains se voient assigner des nobles rôles tels que Photocopieur en chef ou encore Président Directeur Général de la machine à café, d'autres vont au charbon pour défendre les intérêts de la communauté. Dans le cadre du bientôt célèbre "Mon Petit Cours", je suis allé rejoindre Souleymane Cissokho avec comme objectif d'apprendre l'uppercut du bras arrière, et si possible, lui en caler un petit.
Souleymane, c'est une médaille de Bronze aux Jeux Olympiques de Rio 2016 ainsi qu'un bilan parfait depuis son passage chez les professionnels avec 6 victoires dont 5 avant la limite. Fier capitaine de la Team Solide, il est notre meilleur espoir pour devenir champion du monde dans la catégorie des super welter, une promesse pour l'avenir. Moi, c'est deux trois jabs échangés en soirée, ainsi qu'une passion sans égale pour mon sport, le football. Bref, un combat à armes égales.
Après une poignée de main relativement tendue avec mon futur adversaire, nous entrons dans la salle de boxe Top Rank de Bagnolet. Une décoration mettant à l'honneur nos espoirs frenchies ainsi que les grands noms de la boxe mondiale tels que Floyd Mayweather ou encore Mohamed Ali, je me sens déjà en jambe pour faire des miracles. Pull à capuche sans manches, short d'Appollo Cread, Let's Get Ready to Rumble.
Accompagné de son entraîneur Ali Oubaali, je répète les mouvements qui vont me servir à mettre au tapis son poulain lors du sparring de fin de leçon. Quelques erreurs, deux trois mauvais réflexes, mais je commence à percer à jour les secrets des bases de la boxe anglaise. Premier petit bémol, lorsque Souleymane m'explique sa botte secrète qu'est l'uppercut du bras arrière, il me montre le mouvement sur les pattes d'ours de son coach, mauvaise idée.
Aller au charbon pour gagner sa croûte
Rapidité d'exécution, puissance, précision, tout y est. Le type est un monstre. Confiant il y a encore quelques dizaines de secondes, je commence à comprendre pourquoi les hautes instances de Gentside ont insisté pour que ce soit moi-même, le stagiaire, qui m'occupe du cas Cissokho. En plus d'être un bon professeur, il est apparemment un athlète de très haut niveau. Changement d'ambiance. Deux rounds de trois minutes à survivre, tel est le prix à payer pour avoir fait le malin. Arbitré par Ali, le sparring peut désormais débuter.
Une machine de guerre. En une fraction de seconde je saisis l'écart existant entre un être humain plutôt sportif, et athlète surentraîné. À chaque jab du gauche, Souley n'est pas au bout de mon gant. Rapide, trop rapide, il parvient à vider mes réserves de cardio du mois en utilisant uniquement son jeu de jambes. Au bord du malaise à la fin du premier round, la minute de récupération défile vitesse lumière. Une dernière reprise où les minutes ressemblent à des heures et je peux enfin profiter du repos du vainqueur, enfin plutôt du participant.
Pour résumer mon expérience, je dirais que l'humilité de Souleymane n'a d'égale que son talent. Souriant, bon professeur, et surtout très patient, il a finalement réussi à m'apprendre l'uppercut du droit. Une après-midi passée avec lui suffit pour se rendre compte de la bête de travail qu'il est. Notre soutien, il le mérite, et amplement. En pleine ascension, il affrontera Carlos Molina au Palais des Sports ce samedi pour sa septième sortie chez les professionnelles. Que son combat soit à l'image de ses dernières performances, nets et sans bavures.
Force à lui.
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