Facebook: Les phrases qu'on peut entendre qu'au niveau district, la page qui monte

L'un des gros cartons Facebook de l'année prend la forme d'une fan page où sont recueillies les perles entendues sur les terrains de district, le plus bas niveau de compétition footballistique français. "Les phrases qu'on peut entendre qu'au niveau district", c'est son nom, taquine joliment les 100 000 fans sur le réseau social, alors qu'elle n'existe que depuis le printemps dernier. Rencontre avec Alex, son créateur.

Facebook: Les phrases qu'on peut entendre qu'au niveau district, la page qui monte
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Facebook: Les phrases qu'on peut entendre qu'au niveau district, la page qui monte

"Mich, ILS SONT OU LES MAILLOTS?!", "Qui c'est qui fait goal ?", "Hey mollo ! Je travaille lundi, moi !", "C'est dommage, à 9-1, ils étaient prenables", "C'est où, la ville d'Exempt ?" Voici là un panel de phrases entendues ça et là le dimanche sur les terrains de district, le niveau départemental du football français, probablement ce qui se fait de plus bas en la matière.

100 000 fans depuis le mois de mai

A force d'entendre ces perles semaine après semaine, Alex, footeux amateur dont la plus grande performance collective est une montée en District 3 (13e division), a décidé d'y consacrer une page Facebook, la bien nommée "Les phrases qu'on peut entendre qu'au niveau district" (lien non disponible). Côté descriptif, le ton est donné : "Jouer en Ligue 1 c'est bien... mais eux ils entendront JAMAIS des trucs que nous, joueurs de district, on peut entendre QUE le dimanche sur le terrain !" Créée en hommage au football amateur, la page connaît un succès retentissant depuis sa naissance : "C'était pour la déconne au départ, confie Alex, principal administrateur du groupe, commercial et footballeur amateur dans le Morbihan. Je me faisais la réflexion que dans le vestiaire, sur le terrain, on n'entendait des phrases qu'on pourrait jamais entendre ailleurs. J'ai commencé à mettre quelques phrases, et ça a fini par exploser au mois de juin."

Exploser, c'est le mot, puisque cette page créée en mai dernier approche aujourd'hui sereinement les 100 000 fans. Alex le confirme en creux, encore surpris de voir le succès du moindre message apparaissant sur le mur : "J'en ai posté un il y a moins de deux heures, il en est déjà à 834 commentaires." Que la page en soit à autant de membres, soit, mais Facebook est réputé pour défaire les buzz aussi vite qu'il les a créés. Et là, surprise, "Les phrases qu'on peut entendre qu'au niveau district" continue de convaincre et laisse entrevoir une très grande activité qui ne se limite pas à celle de son principal animateur : "On trouve plein de pages qui ont autant de fans, mais aucune d'entre elles n'a notre interaction. Tu publies un truc, t'as la quasi intégralité des membres qui sont actifs", commente-t-il sans bouder son plaisir.

Pourquoi un tel succès ? Tout simple : "C'est drôle et ça parle à tout le monde. Tous les gars vivent la même chose chaque dimanche. Il y a même des fans qui m'envoient des messages pendant le matches." Des situations vécues à travers toute la France, dans l'avant-match, pendant la rencontre et même après. Des situations qui paraîtraient effectivement ubuesques au niveau professionnel. Parmi les morceaux de bravoure, liste Alex, "les causeries d'avant-match en boîte de nuit", l'éternelle discussion pour savoir qui va prendre le poste de gardien, "le coéquipier qui arrive à la mi-temps en disant: 'Désolé du retard, je fermais le magasin !' "

La reconnaissance médiatique du football amateur

On pourrait penser que la rigolade est l'apanage de cette page où la figure du loser sympathique prend tout son sens, et on se tromperait. En effet, il s'y dessine en creux la volonté d'y faire apparaître les valeurs de "solidarité et de motivation" qu'Alex attribue au football amateur. Une pique à l'attention du monde professionnel ? Pas loin : "On retrouve souvent des commentaires disant que les pros feraient bien de venir voir un match de district le dimanche et voir ce que c'est, l'engagement qu'il y a, ce que c'est que le foot de bas niveau." Un constat qui rappelle de près ou de loin la démarche effectuée par les héros du film "Les Seigneurs", anciennes stars du ballon rond de retour au niveau amateur, dans ce qui s'apparente à une forme de rédemption. Ou de choc des valeurs entre le sport qui n'en est plus tout à fait un et celui qui n'en est pas encore un.

Cette page, Alex veut s'en servir pour faire découvrir ce football à part, celui qu'il vit à la fois comme une passion et un sacerdoce, "par exemple quand on fait 50 kilomètres pour s'apercevoir que l'équipe qu'on était censé affronter déclare forfait". Le succès aidant, L'Equipe et RMC Sports se sont déjà penchés sur son cas - il a même eu quelques contacts pour une chronique hebdomadaire dans l'After Foot. En attendant une interview de So Foot et, espère-t-il, un sujet dans le Canal Football Club : "Ce serait énorme qu'une émission comme ça s'occupe un peu de nous, ça offrirait une visibilité au foot amateur dont on ne parle pas assez." Il n'aurait pas pu trouver meilleure idée pour que ce soit le cas.

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